L’année 1960 marqua le point de départ des indépendances des pays africains, en fait la première grande vague de leur accession à la souveraineté internationale. Les Pères des indépendances, les premiers Présidents et ce quelque soient leurs erreurs et faux pas, que d’aucuns qualifieraient de graves, dans l’apprentissage de la gestion des affaires des jeunes Etats, ils ont donné à l’Afrique la République (la chose publique). Les Pères des indépendances ont laissé aux générations futures, c’est-à-dire par rapport à ces temps, tous ceux d’entre nous qui avons aujourd’hui cinquante (50) ans et plus un acquis inestimable : la République. Ces premiers Présidents sont en droit de s’attendre que nous laissions à notre tour à la postérité, à ceux qui viendront après nous, plus ou tout au moins autant que nous avions reçu d’eux : la Démocratie et l’Etat de droit. Avant de parler de célébration, demandons-nous d’abord avec courage et sans faux-fuyant, si nous avons été à la hauteur de notre devoir ? Eh bien non, hélas.
En fait de bilan, la génération postindépendance n’accumule à son passif que la centaine de coups d’Etat et/ou de présumées tentatives dont le continent demeure le théâtre en ce 21ième siècle, des guerres civiles à l’extrême régression économique avec ses corollaires : la grande paupérisation et un endettement colossal consécutif à une gestion désastreuse. De gestion désastreuse, parlons plutôt de gestion de détournements de deniers publics où le Trésor Public devient une propriété privée des dictateurs africains. Au niveau de la gouvernance, nous avons des tyrans Présidents à vie rivalisant à qui mieux dans la répression des libertés individuelles et collectives, dans le culte de la personnalité, dans la destruction de tout ce que l’Etat, la Patrie, peuvent signifier dans la lettre et dans leur esprit.
Au moment où l’Afrique doit normalement s’apprêter à célébrer les 50 ans de souveraineté républicaine et de progrès de par ses pays de la première grande vague des indépendances, les enfants des dictateurs qui ont vu leurs pères régner tels des monarques de droit divin mourir au pouvoir, ces rejetons de la dictature ont décidé de mettre un terme à la République née des indépendances. Le Cas du TOGO est l’illustration troublante et dramatique de la négation de la République par des “Princes héritiers” qui s’appuyant sur des officiers d’opprobres et/ou usant de la corruption s’entourent d’une cour, que disons-nous, de courtisans sans existence au sens humain du terme. Voici la voie royale qui caractérise la mutation dictatoriale, voie sans issue, voie qui, en fait, mène à l’éradication totale de la dictature sur le continent, à la Démolition du Mur de la Dictature.
Au TOGO, peu avant la célébration du 50ième anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté internationale, Monsieur Faure Gnassingbé, dictateur Président autoproclamé prêtera serment pour défendre une République dont il symbolise l’extinction et/ou la négation, c’est un prince héritier, que disons-nous, un usurpateur qui inaugure une dynastie. Et pour cause, il n’a jamais été élu par le peuple togolais. Il le sait mieux que quiconque et au cas où il ne le saurait pas, ce serait vivre d’illusions ou se mentir à soi-même délibérément ou sous la coercition qui est propre au commun des mortels que nous sommes sauf que nous ne pouvons mentir ou tromper le Créateur.
Du 24 Mai au 1ier Juin, la France se propose d’organiser une célébration en l’honneur du 50ième anniversaire de l’indépendance des anciennes colonies, en fait, la fête de la naissance des Républiques africaines. Un grand nombre de délégations seront attendues et le chiffre 67 est retenu selon le journal des Verts européens. Un français, averti des réalités du continent, qualifiait à juste titre de “républiquettes sous perfusion” les pays africains sous le joug des dictateurs africains que la France se prépare à honorer. De “républiquettes sous perfusion”, cette célébration à Nice (France), n’est-elle pas une reconnaissance des “monarchies africaines” et partant un encouragement à la mutation dictatoriale? Comme dira le Chef de la France libre et grand homme d’Etat : “J’en ai vu tant d’autres”. Eh oui, “Les peuples africains en ont vu tant d’autres”. Pour reprendre les propos de ce Cardinal d’une Archidiocèse d’une capitale africaine: “L’avenir de l’humanité est dans les mains de Dieu”. Oui, c’est une profession de foi et une vérité éternelle, l’avenir de l’humanité n’est dans les mains d’aucun homme, d’aucun dirigeant, quelque soit la puissance de son pays au plan de l’évaluation humaine (capacité de destruction d’autres peuples et/ou niveau de développement économique). Chaque jour de la vie des hommes sur terre en porte et en apporte un vibrant témoignage. Pour reprendre les propos de ce vénéré Pape dont on dit qu’il est “est venu des neiges” qui disait en réponse à une question sur le défi de la nouvelle évangélisation: “Malgré les faiblesses humaines, l’Eglise est infatigable dans sa prédication. L’immense vague du siècle passé s’est dirigé vers tous les continents, et en particulier vers le continent africain. Nous avons aujourd’hui en Afrique, une Eglise indigène déjà formée. Les rangs des évêques noirs sont fournis. L’Afrique noire devient un continent de vocation missionnaire. Grâce à Dieu, les vocations ne manquent pas. Plus elles diminuent en Europe et plus elles augmentent là-bas, en Afrique et en Asie”. Et le Pape de poursuivre : “Un jour, peut-être s’apercevra-t-on que le Cardinal Hyacinthe Thiandoum (feu Archevêque de Dakar-Sénégal) avait raison quand il prévoyait que le vieux monde serait évangélisé par des missionnaires n’appartenant pas à la race blanche”. Nous sommes de ceux qui croyions qu’un jour se construira de nouveau sur la terre d’Afrique, une civilisation bien plus pharaonique que ce nous tenons de l’histoire. L’Afrique, porteuse d’une démocratie plus avancée et universelle contrairement à la démocratie d’exclusion dont l’Occident s’est servi à ce jour dans son soutien à la dictature. Ceci nous amène à débuter ces quelques passages par le rappel de la condition humaine, dans le temps et dans l’espace.
La condition humaine
Les hommes sont souvent amenés, selon certaines normes sociales à craindre (avoir peur) d’autres humains du fait de leur rang social et autant d’autres considérations. Tous les abus naissent de cette confusion entre respect et crainte, car les hommes ont en commun une seule et unique condition humaine, caractérisée par la naissance, les joies et les peines et la fin de leur vie terrestre. Telle est la volonté du Créateur et la créature que nous sommes, croyants ou non croyants, ne pouvons y rien changer. Les médecins et autres guérisseurs et/ou personnel de santé sont les premiers témoins de notre condition humaine, eux qui soignent le corps jusqu’à ce que la vie le quitte (la vie physique et terrestre).
Le respect mutuel que les hommes se doivent est avant tout naturel et signifie tout simplement une reconnaissance de notre humanité. Ensuite, nous respectons les fonctions publiques et/ou sociales et partant ceux ou celles qui les exercent. Dans le cas des vieilles démocraties européennes et plus généralement occidentales, nous respections la fonction présidentielle parce qu’elle est démocratique et découle du mandat du peuple souverain. A l’opposé, nous rejetons la dictature, la tyrannie et n’avons aucun respect pour le dictateur, le tyran, le despote, le fasciste et autres.
Il nous a été donné de connaître, en son temps, un jeune prêtre africain, dans la sous-région ouest-africaine, dont les prières d’intercession avaient des effets bénéfiques pour ceux en faveur desquels il priait. L’humble serviteur du Sauveur eut beau clamer haut et fort qu’il n’avait rien à voir avec ses guérisons et que Dieu Seul en était l’auteur, mais rien à faire. Il était souvent sollicité pour être au chevet des “puissants et des riches” et le prêtre dans un de ses livres peignit la condition humaine. Ce n’est point un hasard si les saints, les hommes hors du commun des mortels, les grands hommes d’Etat et autres grands hommes sont les plus humbles parmi nous. C’est le signe de la reconnaissance de leur condition humaine, partant de leur condition de créature. Oui, la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, dit-on, oui nous devons craindre Dieu mais nous ne devons craindre aucun homme.
Lorsque deux anciens Présidents des Etats-Unis nous disent “nous n’avons rien à craindre, si ce n’est nous-mêmes”, ils ont totalement raison, car si nous craignons d’autres êtres humain, nos semblables, c’est par peur de la destruction sous toutes ses formes allant à la destruction de notre vie terrestre. Par contre, Dieu, le Créateur ne détruit pas et sa crainte nous rend sage et nous renforce dans notre foi et dans nos convictions. Dans son subconscient, même le non-croyant craint Dieu lorsqu’il s’évertue chaque jour à faire du bien, à défendre les bonnes causes.
A l’attention de Monsieur Gilchrist Olympio
Le jeune frère qui s’adresse en ce moment à vous, vous le connaissez à peine. Permettez donc que nous revenions un peu brièvement sur notre rencontre. Elle eut lieu après l’attentat de Soudou (TOGO) qui a failli vous coûter la vie. Après votre sortie de l’hôpital à Paris (France), vous êtes venu à Abidjan (Côte d’Ivoire) et avez été reçu par le Groupe de Réflexion et d’Appui à la Démocratie Togolaise (GRADT-CI) dont nous étions l’un des membres fondateurs et plus tard l’un des Secrétaires Généraux. Il nous souvient que nous étions arrivés un peu en retard mais juste avant l’ouverture de la réunion par le Président du GRADT-CI que vous connaissiez bien autant d’ailleurs qu’un certain nombre de membres de votre tranche d’âge parmi lesquels certains étaient vos amis. Nous ne vous connaissions pas toutefois les circonstances voulurent que nous prenions place dès notre arrivée à vos côtés. Nous étions tous bien heureux de vous voir parmi nous surtout que l’attentat coûta la vie à certains membres de la délégation avec lesquels vous avez entrepris de sillonner le pays pour prendre contact avec le TOGO profond qui vous réserva d’ailleurs un accueil chaleureux et fraternel. Quel était votre crime ? A l’instar du peuple togolais, vous revendiquiez légitimement et patriotiquement la mise en place d’institutions démocratiques et d’Etat de droit au TOGO.
Bref, au terme de présentation et/ou d’introduction d’usage, le Président du GRADT-CI vous donna la parole, afin que vous puissiez partager avec nous votre analyse et préoccupations sur la situation au TOGO. Votre présentation fut exhaustive et informative, qu’ils s’agissent de la détermination du peuple togolais, de l’armée nationale togolaise (les militaires) et du rôle que la France pouvait jouer. Nous vous avions tous écouté avec grande attention et des questions vous avaient été posées pour plus d’éclaircissements .Si globalement votre analyse et vos préoccupations étaient partagées par l’assistance, nous étions le seul, lorsque la parole nous fut donnée, à faire part de notre désaccord sur certains aspects de votre analyse surtout pour ce qui est de l’armée nationale togolaise et le rôle de la France. Nous avions, au demeurant, tout en rendant grâce à Dieu de vous avoir fait bénéficier de sa protection, insister sur votre sécurité. Nous voudrions bien délibérément passer sous silence certains points précis que nous avions évoqués. Plus tard, un de vos amis membres du GRADT-CI nous fit part de vos réflexions sur notre divergence d’analyses et nous avons apprécié votre honnêteté intellectuelle.
Voyez-vous, cher aîné, nous sommes de ceux-là, qui avons pensé dès le début de la lutte (Conférence Nationale Souveraine) comme autant d’autres dans le GRADT-CI, que vous deviez être comme on le dit: “un faiseur de roi et non le roi”. Mais, avec le temps, votre détermination dans la lutte et les volte-face de gens sur lesquels nous comptions et qui ont fini par s’accommoder avec la dictature ou mieux au règne dynastique (mutation dictatoriale en monarchie de droit tyrannique) nous a fait assouplir nos positions. Eh bien, nous-sommes-nous dit, si le peuple togolais qui est souverain décide que Monsieur Gilchrist Olympio sera selui par lequel devra se faire la transition démocratique au TOGO, en tant que démocrate nous ne pouvons que respecter la volonté du peuple et le soutenir.
Aujourd’hui le TOGO, à l’instar des pays de la première grande vague des indépendances
africaines, s’apprête à célébrer le 50ième anniversaire de son accession à la souveraineté internationale, il paraîtra que l’on vous impose de servir de caution par votre présence au côté du dictateur Président autoproclamé sortant d’aval à la fraude électorale massive et à l’usurpation. Non, non et non, vous ne pouvez et ne devez pas jouer un tel rôle après tout ce capital de confiance que vous avez bâti sur plusieurs décennies avec le peuple togolais et sans aucun doute avec la majorité silencieuse et républicaine de notre armée nationale. Le peuple togolais, les peuples africains et tous les démocrates du monde vous l’ordonnent. Ne l’oublions jamais, le Créateur est Paix et Liberté (cette dernière étant mère de la démocratie et de l’Etat de droit) et comme tel, le Créateur ne saura être l’objet de négociation par sa créature, par aucun être humain. La Paix et la Liberté, c’est le Créateur s’offrant en don à sa créature. Des saints, en passant par ces rares hommes hors du commun, ces grands hommes d’Etat et autres grands hommes que nous vénérons et/ou nous en servons comme références, aucun d’entre eux ne s’était aventuré à négocier la Paix et la Liberté. Et si d’aventure, les pressions et autres intimidations devront vous venir de la classe politique française, rappelez-leur que le Chef de la France libre, le Général De Gaulle dont nous sommes un grand admirateur depuis nos années d’adolescence a préféré la condamnation à mort au lieu de négocier la Liberté, partant la liberté du peuple français. Voici, ce qui fait de lui, l’expression et le symbole de la grandeur de la France.
A ce jour, le TOGO s’est doté, de par la volonté du peuple d’un Président élu en la personne de Monsieur Jean-Pierre Fabre mais l’ineptie dictatoriale s’imagine qu’on peut indéfiniment bafouée la voix du peuple en s’appuyant sur le quarteron d’officiers d’opprobres. Les dirigeants et autres sympathisants de votre Parti, dont le nouveau Président élu est issu, sont détenus arbitrairement et soumis à la torture sur ordre du monarque de droit tyrannique. Pour ouvrir une parenthèse à ce niveau, Monsieur Faure Gnassingbé détient son frère Kpatcha sans jugement depuis des mois sous prétexte de tentative de coup d’Etat militaire. Dont acte, mais rappelons que pour qu’il y ait coup d’Etat, il faut un Président légitime et dans le cas d’espèce, Faure Gnassingbé n’a jamais bénéficié d’un tel mandat du peuple togolais. Il s’agit d’une querelle princière et /ou familiale. Qu’à cela ne tienne, Faure peut l’appeler du nom qui lui plaît puisque c’est un jeune homme qui vit d’illusions et se ment constamment et délibérément à lui-même (peut-être, est-il sous coercition). Pour ce qui nous concerne, nous ne soutenons point de coup d’Etat en Afrique parce que nous voulons des armées africaines républicaines et qui adhèrent aux institutions démocratiques. Toutefois, en tant que démocrates nous sommes d’avis avec les voix qui courageusement s’élèvent pour demander que Monsieur Kpatcha bénéficie de toutes les protections juridiques pour se défendre. Il est présumé innocent (présomption d’innocence) jusqu’au moment où les lois républicaines déterminent sa culpabilité dans cette “querelle de cour”. L’Etat de droit pour lequel le peuple togolais, les peuples africains, se battent n’exclut et ne doit exclure personne
Pour revenir sur le thème central, objet de ce chapitre, retenons, Monsieur Gilchrist Olympio, que la lutte pour la liberté ne peut se mesurer à l’aulne d’une vie humaine et qu’elle est avant tout une lutte pour la postérité. Pour l’heure, le peuple togolais se bat pour rétablir la République Togolaise dont votre père en tant que Premier et seul Président élu démocratiquement fut l’artisan. Nous sommes convaincus, pour ceux d’entre-nous qui avons cinquante ans et plus que ce jour viendra où le peuple togolais célèbrera le Président Sylvanus Olympio et lui donnera la place qu’il mérite dans l’histoire récente du TOGO, du TOGO indépendant. Nous vous exhortons donc à apporter tout votre soutien au Président élu, Monsieur Jean-Pierre Fabre qui est le fruit de vos œuvres, de votre lutte pour les institutions démocratiques et l’Etat de droit au TOGO.
Les peuples africains, au seuil des 50 ans de la première vague des indépendances savent que leurs pays respectifs vivent dans leur écrasante majorité sous le joug de la dictature, de la tyrannie avec son lot de délabrement économique et de paupérisation extrême. Les peuples africains en lieu et place de célébration savent qu’ils doivent se réunir en prière, ils doivent prier le Créateur pour qu’Il donne à l’Afrique de grands hommes d’Etat et de vision autant d’ailleurs qu’à l’Occident qui en manquent également gravement au point de continuer de faire du soutien à la dictature en Afrique, son cheval de bataille. Triste Occident qui renie ses propres valeurs par manque de vision, prions pour les dirigeants de l’Occident.
La France, l’UE, l’Occident et les 50 ans de la première grande vague des indépendances africaines.
La France se propose d’organiser en Mai à Nice une fête pour célébrer les 50 ans de la première vague des indépendances en Afrique. Pourquoi la France ? Et pourquoi pas la Grande Bretagne, première puissance coloniale de la planète (Empire britannique)? Pourquoi l’Espagne n’avait jamais organisé de telle festivité en Amérique Latine? Voyons, la France, comme nous l’avons écrit dans notre “Lettre Ouverte au Président Nicolas Sarkozi” et nous citons: “De tous les pays situés à l’extérieur du continent, la France est le pays qui connaît le mieux l’âme de l’Afrique. Du coup, la France peut l’utiliser pour le meilleur et pour le pire et si la France reste attachée à la vision gaulliste, elle doit s’en servir pour le meilleur et ce meilleur ne peut être que la mise en place d’institutions démocratiques et d’Etat de droit sur le continent africain”. Par une telle célébration, la France est loin de se servir de sa connaissance de l’Afrique pour le meilleur si ce n’est pour le pire. La France plus que tout autre pays connaît, au terme de ces 50 ans et avec la contribution de l’Occident, le parcours dictatorial du continent et son aboutissement monarchique et/ou dynastique. Les peuples africains sont en droit de s’attendre à ce que le Président Sarkozi qui a affiché des dispositions encourageantes au regard d’institutions démocratiques et d’Etat de droit en Afrique réunisse toute la classe politique française pour obtenir d’elle un soutien ferme dans ce sens. Les peuples africains auraient appaudi le Président Sarkozi si en lieu et place d’une telle célébration, il convoquait un sommet de tous les Chefs d’Etat occidentaux pour faire le bilan des cinquante (50) ans d’indépendance des pays africains sur toile de fond de coups d’Etat militaires, de dictature, de tyrannie, d’extinction même de la République, de guerres civiles, de régression économique, d’absence d’Etat de droit et/ou de gouvernance, de désastre somalien, du Darfour et que savons-nous. Le tout, serait pour le Président Sarkozi, d’obtenir des Chefs d’Etat et de Gouvernement occidentaux leur adhésion à la cause de la démocratie en Afrique et partout dans le monde.
L’Occident ne doit pas se dire que seuls les pays étiquettés comme sponsorisant le terrorisme ou engagés dans l’acquisition et/ou le développement d’armes nucléaires doivent se démocratiser et devenir des Etats de droit. Le Cas du TOGO, prouve bien que les pays africains qui ont fait un choix différent, la démocratie pacifique par la voie des urnes ne bénéficient d’aucun soutien en Occident tout au contraire. La France, les vieilles démocraties européennes, l’Occident s’obstinent et s’évertuent à pousser les peuples africains dans un désespoir tel que le seul choix qui leur sera disponible soit celui de la violence, de la destruction qui ne peut qu’approfondir la déshumanisation de la race humaine. Non, l’avenir de l’humanité n’est pas dans la main des pays de l’Occident, l’Afrique ira à la démocratie sans détruire et sans se détruire.
Que veut la France? Que veut L’UE:? Que veut l’Occident? Il y a quelques semaines, le Président Hamid Karzai à Kabul reconnaissait les fraudes massives ayant entaché les élections afghanes mais il les imputait à l’Occident. Dans le Cas du TOGO, la France, l’UE, l’Occident, s’attendent-ils que Monsieur Faure Gnassingbé en fasse autant avant qu’ils ne rendent à l’évidence que les Togolais ont rejeté massivement la dictature par leur élection de Monsieur Jean-Pierre Fabre.
Nous mettons à défi la France, l’UE, l’Occident, au cas ils penseraient que les vues que nous exprimons ici ne sont que les nôtres, de nous démontrer que les peuples africains ne revendiquent pas des institutions démocratiques et n’aspirent pas à vivrent pas dans des Etats de droit. Nous mettons à défi la France, l’UE, l’Occident, pour qu’ils démontrent que les peuples africains ne rejettent pas la dictature et la tyrannie, voire l’extinction de la République et sa substitution par la monarchie de droit tyrannique. Oui, le Général De Gaulle et le Premier Ministre Churchill vous répondront à notre place et vous diront que tous les peuples revendiquent la démocratie et l’Etat de droit, autant qu’ils rejettent la dictature, la tyrannie, le totalitarisme et le fascisme.
Nous ne sommes pour ce qui nous concerne qu’une voix anonyme parmi tant d’autres voix autorisées sur le continent africain, qui, tels des troubadours, chantent et/ou récitent la liberté, la démocratie et l’Etat de droit pour les peuples africains. Toutefois, ne nous y méprénons pas, aussi longtemps que le Créateur nous gardera le souffle de vie, ce jour sera consacré à la défense de la liberté, de la démocratie et de l’Etat de droit en Afrique.
Pour revenir à la France et à la célébration des 50 ans d’indépendance des pays africains, nous en appelons à Monsieur Bernard Kouchner,-Ministre français des Affaires Etrangères- lui qui à plusieurs reprises eut à voler au secours de la condition humaine dans le monde en sa qualité de “Medecin sans frontière” afin qu’il puisse soutenir et encourager le Président Sarkozi pour ce Sommet de l’Occident sur la Démocratie et l’Etat de Droit en Afrique. Dans le même sens, Monsieur Kouchner doit peser de tout son poids au niveau international pour la reconnaissance de la volonté exprimée par la voie des urnes par le peuple togolais dans son son choix du nouveau Président élu en la personne de Monsieur Jean-Pierre Fabre.
Pour l’heure les peuples africains condamnent avec véhémence l’idée même de la célébration des 50 ans d’indépendance africaine à Nice –France- qui en fait revient à célébrer la dictature et la tyrannie qui persistent sur le continent. En lieu et place d’une telle célébration, les peuples africains et tous les démocrates du monde demandent expressément à la France d’y tenir ce Sommet de l’Occident sur la Démocratie et l’Etat de Droit en Afrique.
En fait, il y a 50 ans, un grand homme d’Etat, le Chef de la France libre, le Général de Gaulle fut l’artisan des indépendances des colonies françaises d’Afrique. Le Chef de la France libre prit soin de mettre les pays africains en garde en ces termes:“Vous voulez l’indépendance, vous l’aurez avec ses conséquences” Oui, l’indépendance comporte des conséquences et le Chef de la France libre le savait, lui qui en accédant à l’indépendance de “l’Algérie française ” déclencha une insurrection au sein de l’armée française, insurrection qui le poussa à faire usage du terme de:“prononciamiento militaire”. Plus tard, toujours dans le cadre de l’indépendance algérienne qui se termina par les Accords d’Evian en 1962, il fut l’objet d’attentat qui failli lui coûter la vie. Comme quoi les grands hommes sont le choix de la Providence, n’est pas grand homme qui le veut mais apprenons tout au moins à nous inspirer de leurs actes et actions. Les grands hommes ont toujours pris des risques visionnaires, ce qui les distinguent du commun des mortels que nous sommes. Mais alors, que penserait le Chef de la France, artisan des indépendances qui donnèrent naissance aux Républiques africaines, de voir la France dont il n’a cessé de clamer la grandeur, se préparer à fêter 50 ans plus tard, l’indépendance de ces mêmes pays, qui du fait de la dictature, sont non seulement considérés “républiquettes sous perfusion” mais sont en état d’extinction. Au seuil, des 50 ans d’indépendance, nous nous faisons le devoir de partager avec la classe politique française l’idée que ce faisait ce grand homme se faisait de la grandeur de la France et de la liberté dans le discours, qu’il a prononcé à Brazzaville (Congo) un 30 Janvier 1944, en pleine seconde guerre mondiale.
Discours du Général De Gaulle prononcé à Brazzaville le 30 Janvier 1944 en pleine seconde guerre mondiale
“Si l’on voulait juger des entreprises de notre temps suivant les errements anciens, on pourrait s’étonner que le Gouvernement français ait décidé de réunir cette Conférence africaine. <Attendez> nous conseillerait sans doute, la fausse prudence d’autrefois. La guerre n’est pas à son terme. Encore moins peut-on savoir ce que sera demain la paix. La France d’ailleurs n’a-t-elle pas pas hélas! des soucis plus immédiats que l’avenir de ses territoires d’outre-mer? Mais il a paru au Gouvernement que rien ne serait , en réalité, moins justifié que cet effacement , ni plus imprudent que cette prudence. C’est q’en effet, loin que la situation présente, pour cruelle et compliquée qu’elle soit, doive nous conseiller l’abstention, c’est, au contraire, l’esprit d’entreprise qu’elle nous commande. Car, sans vouloir exagérer, l’urgence des raisons,qui nous pressent d’aborder l’étude d’ensemble des problèmes africains français, nous croyons que les immenses évènements qui bouleversent le monde nous engagent à ne pas tarder; que la terrible épreuve que constitue l’occupation provisoire de la Métropole par l’ennemi ne retire rien à la France en guerre de ses devoirs et de ses droits. Enfin, que le rassemblement maintenant accompli, de toutes nos possessions d’Afrique nous offre une occasion excellente de réunir à l’initiative et sous la directiion de M.le Commissaire aux Colonies, pour travailler ensemble, confronter leurs idées et leur expérience, les hommes qui ont l’honneur et la charge de gouverner au nom de la France, ses territoirs africains. Où donc une telle réunion devrait-elle se tenir, sinon à Brazzaville, qui, pendant de terribles années, fut le réfuge de notre honneur et de notre indépendance et qui restera l’exemple du plus méritoire effort français?…” Et le Général de poursuivre plus loin:
“Ce qui a été fait par nous pour le développement des richesses et pour le bien des hommes, à mesure de cette marche en avant, il n’est pour le discerner que de parcourir nos territoires et pour le reconnaître que d’avoir du coeur.
Au moment où commençait la présente guerre mondiale, apparaissait déjà la nécessité d’établir sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l’exercice de la souveraineté française. Comme toujours, la guerre elle-même précipite l’évolution. D’abort par le fait qu’elle fut jusqu’à ce jour, pour une bonne part, une guerre africaine et que du même coup, l’importance absolue et relative des ressources, des communications, des contingents d’Afrique, est apparue dans la lumière crue des théâtre d’opérations.
S’il est une puissance impériale que les évènements conduisent à s’inspirer de leurs leçons et à choisir noblement, libéralement, la route des temps nouveaux où elle entend diriger les soixante millions d’hommes qui se trouvent associés au sort de ses quarante-deux millions d’enfants, cette puissance, c’est la France. En premier lieu et tout simplement parce qu’elle est la France, c’est à dire la nation dont l’immortel génie est désigné par les initiatives qui, par degrés, élèvent les hommes vers les sommets de dignité et de fraternité où, quelque jour, tous pourront s’unir. Ensuite dans l’extrémité où une défaite provisoire l’avait refoulée, c’est dans ses terres d’outre-mer, dont toutes les populations, dans toutes les parties du monde, n’ont pas une seule minute, altéré leur fidélité, qu’elle a trouvé son recours et la base de départ pour sa libération et qu’ily a désormais, de ce fait, entre la Métropole et l’Empire, un lien définitif. Enfin, c’est pour cette raison que, tirant à mesure du drame les conclusions qu’il comporte, la France est aujourd’hui animée pour ce qui la concerne elle-même et pour tous ceux qui dépendent d’elle, d’une volonte ardente et pratique de renouveau.
Est-ce à dire que la France veuille poursuivre sa tâche d’outre-mer en enfermant ses territoires dans des barrières qui les isoleraient du monde et d’abord, de l’ensemble des contrées africaines? Non, certes! Et, pour le prouver, il n’est que d’évoquer comment dans cette guerre, l’Afrique Equatoriale et le Caméroun français n’ont cessé de collaborer de la façon la plus étroite avec les territoires voisins, Congo belge, Nigéria britannique, Soudan anglo-égyptien et comment à l’heure qu’il est, l’Empire français tout entier, à l’exception momentanée de l’Indochine contribue dans d’importantes proportions, par ses positions stratégiques, ses voies de communications, sa production, ses bases aériennes, sans préjudices de ses effectifs, à l’effort commun des Alliés…..”. Et le grand homme d’Etat, le Général de Gaulle de continuer:
“ Mais, en Afrique française, comme dans tous les autres territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n’y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n’en profitaient moralement et matériellement, s’ils ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C’est le devoir de la France de faire en sorte qu’il en soit ainsi”
Oui, pour ce qui nous concerne, nous disons que la France n’a rien à craindre d’un Togo, Etat de droit aux institutions démocratiques, d’une Afrique avec des pays aux institutions démocratiques et des Etats de droits, tout au contraire, nous y voyons un renforcement de la grandeur de la France chère au Général dans le monde. D’aucuns diraient, il n’appartient pas à des Africains comme nous autres de revendiquer le gaullisme plus que les Français eux-même et bien non. Souvent, dans nos écrits; Réflexions/Débat, nous évoquons les grands hommes et les quelques rares hommes hors du commun. La raison est simple; nous comprenons qu’ils sont les meilleurs d’entre nous, les hommes, et sont de ce fait un patrimoine universel. Conscient du fait, pour ce qui nous concerne, que nous appartenons au commun des mortels, nous assumons comme un devoir d’évoquer les actes de ces grands hommes afin qu’ils nous servent de boussole. Ce faisant, nous voulons rappeler à l’humanité que ce monde peut, chaque jour, s’élever par eux, vers le meilleur et l’excellence.
Nous invitons donc fraternellement la classe politique française à continuer de faire sienne la vision du Chef de la France libre non point seulement pour le bien de la France ni pour l’Afrique mais pour l’équilibre nécessaire dans les relations internationales et pour le progrès de l’humanité. Le Cas du TOGO sera déterminant dans l’idée que les peuples africains devront se faire de l’attachement à l’Idéal de liberté et de démocratie que professe l’Occident.
Nos fraternelles pensées au peuple togolais, au peuple africain et à tous les démocrates du monde.