REFLEXION DU MMLK –LA VOIX DES SANS VOIX
Le processus de démocratisation et de l’Etat de Droit, amorcé au Togo il y a plus de 22 ans, ne cesse d’évoluer en dents de scies dans une imperfection et une hésitation qui ne semble pas augurer un avenir certain sans l’alternance. Toutes les élections tant présidentielles et législatives depuis 1993 (5 présidentielles et bientôt 5 législatives), ont été toujours remportées par le parti au pouvoir. Seules les élections législatives de 1994 ont été gagnées par l’opposition démocratique incarnée à l’époque par le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) et l’Union Togolaise pour la Démocratie (UTD) mais malheureusement cette victoire n’a pas contribué à favoriser le décollage de la démocratie pour des raisons connues de tous.
Somme toute ,de 1993 à 2013 ,il y a deux décennies ,l’espoir nourri et l’aspiration profonde des peuples à une autre manière de gestion et de gouvernance des affaires de la cité sous l’appellation du régime démocratique ,bien que légitimes ,se sont progressivement dégradés et brisés même si les plus optimistes parlent d’une lueur d’espoir . Ces derniers estiment que les grandes démocraties ont mis énormément de temps pour construire ce que nous admirons de nos jours.
Est –ce une raison valable pour soutenir et cautionner les dérapages et les vices de formes que nous avons connus au cours de notre parcours et de notre apprentissage en matière de consultations électorales et d’application des textes constitutionnels ? Les partisans de cette tendance réfutent tout argument qui fait de notre pays, un éternel apprenant qui ne veut jamais réussir à un examen pour aller à une étape supérieure de sa démocratie alors que tous les pays voisins et autres de la sous-région vivent au rythme normal et régulier des valeurs et des pratiques démocratiques.
C’est autour de ces deux tendances que s’anime la situation politique au Togo pendant ces vingt dernières années.
Quand au peuple souverain au nom duquel tous les acteurs politiques prétendent parler et agir, il ne semble qu’être pris en otage et est victime des personnes démesurément ambitieuses et illusionnistes toujours attachés à leurs intérêts personnels. Cela est d’autant plus plausible au point que les voix de ce peuple sont bafouées et ne sont jamais véritablement prises en compte surtout lors des scrutins électoraux. Un examen rétrospectif sur les consultations électorales dans notre pays, a clairement certifié que les résultats publiés après le vote, n’ont jamais reflété l’aspiration populaire exprimée dans les urnes. C’est ce sort que le peuple Togolais a connu pendant les différentes élections organisées.
Ce qui attriste et agace davantage le peuple est toujours le comportement patronniste et joker de toutes personnes se disant élues à ces élections. Le peuple électeur n’est considéré que pendant les périodes de la fièvre électorale surtout la campagne et le jour du scrutin. Mais une fois les résultats proclamés, c’est un grand fossé qui se crée immédiatement entre les électeurs et les élus. Les portes de l’intimité des relations sont fermées et les contacts rompus. Les élus rentrent au bercail dans la nuit et quittent très tôt le matin avant le chant du coq pour ne pas être vus par les électeurs. Le moment qui leur est aussi souvent propice de rentrer chez eux, est celui des grands événements notamment les fêtes traditionnelles ou les cérémonies funéraires où les élus sont aperçus au premier plan dans des boubous à 3 pièces. Cette attitude circonstancielle et interventionniste se poursuit jusqu’à l’approche d’un autre scrutin où la nécessité leur impose de travailler à nouveau avec la base électoraliste et sans honte, ils réapparaissent comme des agneaux faisant les yeux doux aux électeurs en tentant de le convaincre et de les rallier à leur cause. Malheureusement, ils finissent souvent par réussir par quelques petits dons sous forme de prétendue et malicieuse générosité.
Pendant 20 ans, c’est dans ce climat d’hypocrisie et d’aberration que les relations sont établies entre l’électorat et les élus. Ces derniers ont eu tout pour leur compte et sans en abuser de leur mauvaise foi ; seuls quelques rares élus comptés au doigt, ont pu répondre partiellement à leurs promesses électorales.
Que faut –il faire en 2013, une année qui est annoncée comme celle de plusieurs élections ? Le peuple étant détenteur du pouvoir, il est appelé à faire un examen minutieux de conscience pour éviter d’être emballé dans la triste et ennuyeuse expérience du passé.
C’est à ces préoccupations que répond le titre de la réflexion du Mouvement Martin Luther KING – la Voix des Sans Voix « Quelles élections et quels élus pour le Togo d’aujourd’hui à l’heure de la maturité du peuple ? »
Eu égard aux conditions défectueuses, déficientes et problématiques de l’organisation des élections au Togo d’une part ; et d’autre part à la nature déplorable et conflictuelle des relations entre l’électorat et la majorité des élus, le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix demande au peuple de sanctionner les dirigeants et les élus en ne portant plus leur choix sur eux au cas où ils seront encore des candidats aux consultations électorales à venir.
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix appelle l’électorat à la vigilance et à la détermination afin de pouvoir s’assurer que son vote soit réellement pris en compte dans la proclamation des résultats. Car il ne revient au peuple seul de décider de son sort et s’il estime que la vérité des urnes est tronquée et viciée par la perversité et la mauvaise volonté d’un groupe d’acteurs politiques.
Cette vigilance et cette détermination peuvent s’exprimer par son refus catégorique de reconnaître les résultats spoliés et d’engager des voies citoyennes de recours pacifiques et de résistances non violentes mais contraignantes. Le peuple peut être appuyé et soutenu par la société civile et même des formations politiques qui en ont la conviction en vue de la restauration de la vérité des urnes et l’ordre constitutionnel.
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix appelle le peuple à se nourrir et à se vêtir de l’engagement citoyen en se positionnant en avant-garde de tout processus électoral car la survie de la démocratie au Togo en dépend. On ne peut pas parler de la démocratie sans le peuple comme d’ailleurs sa définition l’exprime clairement « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.» L’heure de la maturité du peuple a sonné et personne ne peut décider arbitrairement son sort sans lui-même.
La maturité du peuple exige un vote sanction pour sanctionner les femmes et les hommes qui ont par le passé bénéficié de leur suffrage électoral sans pour autant arriver à leur accorder un minimum de respect ni de reconnaissance . Aussi, cette maturité exclut –elle le vote par l’achat des consciences, l’appât des gadgets et des tee-shirts et des promesses démagogiques, mirobolantes et miroitées ; une manière de bluffer, de fourvoyer et de manipuler les populations.
A l’heure de la maturité après 20 ans d’expérience démocratique, le vote doit se faire avec réflexion et conviction et non par toute autre considération dont l’aspiration fondamentale conduirait le peuple à son destin sous le leadership des dirigeants conscients et visionnaires.
LA VOIX DE LA MAJORITE
Il y a bientôt deux ans, le Chef de l’Etat Togolais a reconnu que seule minorité et un groupuscule s’accaparent des richesses de la nation au détriment du peuple souverain et majoritaire .De cette réalité, il en résulte que cette majorité aspire au changement et à l’alternance pour un lendemain meilleur d’où son choix pendant les élections à venir vont porter sur ceux qui prônent le changement. Du coup, le parti au pouvoir ne doit pas espérer une quelconque victoire car la voix de la majorité est la voix du peuple et celle-ci ne doit pas être tronquée ni déformée.
Devant cette aspiration populaire au changement et à l’alternance, le Mouvement Martin Luther KING appelle le peuple à se mobiliser massivement pour voter utile pour sanctionner ceux qui continuent par abuser de sa souveraineté. Ce tableau sombre acquis par les tenants du régime qui motive l’adhésion et l’engouement à une manière de gouverner qu’incarne bon gré mal gré les forces démocratiques et du changement.
Pour le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix ,les élus qu’il faut pour le Togo d’aujourd’hui sont ceux et celles qui émanent des élections démocratiques ,libres et transparentes dont les contestations ne seront pas de nature à affecter la crédibilité et la légitimités des élus et des institutions qui en sortiront afin de rompre définitivement avec le régime minoritaire .
La Vérité des urnes préserve des conflits et renforce les bases de la démocratie et de l’Etat de Droit.
Le Président,
Pasteur EDOH K.KOMI