« L’union dans le troupeau oblige le lion à se coucher avec la faim » (Proverbe haoussa)
Depuis quelques mois, des voix s’élèvent au sein de la classe politique togolaise pour appeler à l’union de toutes les forces démocratiques afin de mieux faire face à la « dictature rampante » du tandem Faure Gnassingbé-Gilchrist Olympio. Les propositions fusent de tous les côtés. Dans sa déclaration du mercredi 24 novembre dernier, le CAR a, après avoir soufflé le chaud et le froid, invité à l’union de l’opposition. « Le CAR tient à réaffirmer que la seule alternative crédible est l’entente de toutes les forces démocratiques autour d’une orientation juste en vue d’éradiquer le système RPT et sortir nos populations de la misère », indique tout court la déclaration signée par Me Dodji Apévon. Mais ici, le « parti des déshérités » n’a ni ébauché les contours de cette « entente », ni précisé ce qu’il compte faire pour que ce souhait soit effectif.
De même, l’OBUTS dirigée par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo est dans la logique de l’union et de la mobilisation de toute l’opposition togolaise. Et elle le fait savoir dans toutes les déclarations rendues publiques ces derniers temps. « Nous en appelons à un véritable sursaut national de toutes les filles et de tous les fils du Togo tout entier pour à l’unisson mettre fin à l’incurie politique sans précédent qui a fait de notre pays une nation faillie, actuellement dans une impasse totale », dit-il dans un communiqué, suite à la forfaiture de la Cour Constitutionnelle et du président de l’Assemblée nationale.
« C’est réunis que les charbons brûlent ; c’est en se séparant que les charbons s’éteignent », enseigne Eugène BURNOUF, dans « Introduction à l’histoire du bouddhisme indien ». Devant le durcissement du pouvoir RPT-UFC-AGO et les manœuvres des deux princes d’imposer leurs desiderata au peuple, cette union s’impose après que chaque parti eut tenté la démarche solitaire. Ce regroupement de partis appartenant à l’opposition, vraie permettra de mobiliser une frange importante des Togolais contre la volonté de résumer les problèmes du pays aux seules personnes de Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio. On a beau faire de Gilchrist Olympio un petit président de la République et président du Comité de suivi de l’accord RPT-UFC-AGO, on a beau embarquer dans le gouvernement sept de ses vassaux, on a beau nommer trois des siens Directeurs de cabinet, les problèmes qui minent le développement du Togo sont intacts après plus de six mois de collaboration. Rien n’a changé et les partenaires du Togo qui croyaient qu’il suffit de mettre ensemble les deux fils des deux anciens présidents pour que la situation s’améliore, ont sûrement commencé à se raviser. Passons.
A propos de cette union de l’opposition qui doit être effective dans la perspective des élections futures, tous les acteurs sont-ils prêts à jouer le jeu jusqu’au bout et à ne pas régulièrement informer les services du pouvoir des décisions et initiatives qui sont prises ?
A chacun d’apprécier. Qui va faire le pas vers l’autre ? Voilà la grande problématique. Pour un connaisseur de la politique togolaise, c’est l’ANC qui, dans le contexte actuel, a l’impérieux devoir de regrouper toutes les forces démocratiques. L’existence du FRAC est déjà une bonne chose et il faut penser à la renforcer avec les autres formations politiques et à redéfinir ses orientations. Ce qui suppose que les responsables de l’ANC ne doivent pas voir les autres de haut ; ils doivent prendre franchement langue avec eux. Le chacun pour soi au nom d’une supposée popularité ne doit plus avoir droit de cité. Il faut tirer les leçons du passé pour ne plus rééditer les erreurs et les clichés qui ont fini par tourner la tête à Gilchrist Olympio. De même, les responsables des autres partis doivent être sincères dans leurs démarches et ne pas chercher à s’appuyer sur les autres pour monter au pinacle.
Zeus AZIADOUVO, LIBERTE HEBDO TOGO