« Douze heures de mon temps quotidien sont hypothéquées pour obtenir l’argent qui paie ce luxe dont je ne profite pas » (Lucía Etxebarria de Asteinza)
On ne cessera de le dire. Le Togo va mal, très mal. Tous les domaines de la vie étant liés, le chaos politique ne peut qu’avoir des répercussions négatives sur la situation socio-économique du pays. La relance économique annoncée pour le second quinquennat a du plomb dans l’aile. Et les conditions devant favoriser cette relance sont loin d’être créées.
Comment peut-il en être autrement quand ceux qui sont aux affaires, se comportent comme de petits dictateurs qui n’ont jamais mis pied à l’école ? La reconnaissance par la communauté internationale de la « victoire » de Faure Gnassingbé à l’élection du 4 mars dernier, n’a pas permis de séduire les investisseurs étrangers. Au lieu de tabler sur cette dynamique en réglant avec beaucoup d’intelligence la contestation liée au scrutin, l’« expert financier » a choisi d’utiliser cette onction internationale pour imposer un régime d’exception et réprimer toute opposition. C’est le retour de la loi du plus fort et des pratiques archaïques qui avaient cours au temps du parti unique.
Première fausse note, c’est la dissolution d’OBUTS, un parti légalement constitué et dont le président a participé à la dernière élection présidentielle. Les faits qui ont sous-tendu cette dissolution sont cocasses sur toute la ligne. La balance de la Justice n’était pas en équilibre et s’est penchée du côté du pouvoir et des petits manipulés qui ont porté plainte contre leur ancien parti. Comme quoi les réformes de l’appareil judiciaire togolais financées à coup de millions par l’UE et le PNUD ne servent à rien. Ainsi, quel investisseur acceptera de venir faire ses affaires au Togo si la Justice est toujours aux ordres et ne dit pas le droit ?
La grande erreur que le pouvoir a faite, est d’avoir pris parti pour le camp Gilchrist Olympio dans la crise interne qui secoue l’UFC. S’ils étaient des gens sérieux, respectueux des textes et des valeurs, ils devraient se mettre au-dessus de la mêlée, laissant les deux camps régler eux-mêmes leur différend. Mais comme ils ne le sont pas, ils ont réprimé les militants qui étaient venus assister au congrès du 10 août et autorisé celui de Gilchrist Olympio qui a été organisé sous haute surveillance policière. Par leur prise de position, les ministres Bodjona et Titikpina ont plutôt contribué à compliquer une situation déjà tendue. Et puis, le ministre de l’Administration territoriale a refusé de recevoir les documents contenant les conclusions du congrès de l’UFC tendance Fabre. Même le Premier ministre a cédé devant les pressions du pouvoir en refusant de prendre le courrier. Avec ces façons de gérer les affaires du pays, quel opérateur économique peut avoir le courage de venir investir au Togo ?
En outre, la liberté de culte est mise en péril par ceux qui veulent tout résoudre par les tripes. Aujourd’hui, les militants du FRAC ainsi que les fidèles de l’Eglise méthodiste Salem de Hanoukopé n’ont plus le droit d’aller prier. Le lieu est fortement bouclé et tous ceux qui s’y aventurent, sont souvent accueillis par les gaz lacrymogènes. De même, Jean-Pierre Fabre et ses partisans sont poursuivis dans les rues de Lomé comme des gibiers. Qui peut, dans ces conditions, investir au Togo ? Personne.
En voulant donc diriger d’une main de fer le pays, Faure Gnassingbé et ses hommes ne créent pas les conditions idéales en vue de relancer l’économie. Ils n’offrent aucune garantie. De plus, ils gèrent mal les ressources existantes en encourageant les détournements et la corruption. Bref, le Togo actuel est pire que le Togo d’avril 2005 quand le fils du père marchait sur les cadavres de ses concitoyens pour monter au pinacle. Le pays s’écroule…
Zeus AZIADOUVO
LIBERTE HEBDO TOGO