“Le Cas du TOGO” qui se résume en des élections présidentielles frauduleuses, irrégulières et antidémocratiques le 4 Mars passé, s’il est révélateur de la détermination des peuples africains dans leur revendication démocratique, il marque surtout un tournant décisif des relations entre l’Afrique et l’Occident, singulièrement la France”
La France ou plus précisément le gouvernement français se propose d’organiser une célébration en l’honneur du 50ième anniversaire de l’indépendance des anciennes colonies, en fait, la fête de la naissance des Républiques africaines à compter du 24 Mai jusqu’au 1ier Juin. A priori, d’aucuns pourraient se dire que la France se joignant aux pays africains, singulièrement les francophones, pour commémorer et/ou fêter les 50 ans d’indépendance des pays africains est louable, surtout si l’on s’en tient à ces quelques lignes tirées du discours du Chef de la France libre, le Général de Gaulle, à Brazzaville le 30 Janvier 1944 en pleine seconde guerre mondiale, et nous citons:“ S’il est une puissance impériale que les évènements conduisent à s’inspirer de leurs leçons et à choisir noblement, libéralement, la route des temps nouveaux où elle entend diriger les soixante millions d’hommes qui se trouvent associés au sort de ses quarante-deux millions d’enfants, cette puissance, c’est la France.
En premier lieu et tout simplement parce qu’elle est la France, c’est à dire la nation dont l’immortel génie est désigné par les initiatives qui, par degrés, élèvent les hommes vers les sommets de dignité et de fraternité où, quelque jour, tous pourront s’unir” . Eh bien, 50 ans plus tard, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que “ La France, c’est à dire la nation dont l’immortel génie est désigné par les initiatives qui, par degrés, élèvent les hommes vers les sommets de dignité et de fraternité où, quelque jour, tous pourront s’unir” a échoué dans son identification à la vision du grand homme d’Etat. Cet échec n’est pas le fait du peuple français ni de la grande culture de ce pays habité par tant de génies à travers les siècles mais d’une succession de Chefs d’Etat et de chefs de partis sans, pour ce qui est des peuples africains, réel sens de leadership et/ou de vision. Le peuple français et les peuples des pays occidentaux nés dans et/ou habitués à l’exercice du choix démocratique, vont aux urnes pour élire leurs dirigeants, leur confiant ainsi un mandat démocratique. Ce mandat démocratique qui découle de l’Idéal de Liberté et de Démocratie à été détournée pendant la guerre froide et s’est traduite par un soutien à la dictature par les dirigeants occidentaux, une évolution totalement contre nature qui contraste avec ce qui fonde l’Occident et ses peuples depuis trois siècles et tout au moins deux siècles, pour ce qui est de la France, si l’on se réfère à la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 Août 1789 suite à la Prise de la Bastille le 14 Juillet 1789. Dans l’un de nos écrits précédents intitulé: “ Afrique – Le Cas du TOGO ou Cinquante (50) ans de Réaffirmation de L’Idéal de Liberté et de Démocratie par les Peuples Africains ” nous avons écrit ce qui suit : “Les peuples africains sont en droit de s’attendre à ce que le Président Sarkozi qui a affiché des dispositions encourageantes au regard d’institutions démocratiques et d’Etat de droit en Afrique réunisse toute la classe politique française pour obtenir d’elle un soutien ferme dans ce sens. Les peuples africains auraient appaudi le Président Sarkozi si en lieu et place d’une telle célébration, il convoquait un sommet de tous les Chefs d’Etat occidentaux pour faire le bilan des cinquante (50) ans d’indépendance des pays africains sur toile de fond de coups d’Etat militaires, de dictature, de tyrannie, d’extinction même de la République, de guerres civiles, de régression économique, d’absence d’Etat de droit et/ou de gouvernance, de désastre somalien, du Darfour et que savons-nous. Le tout, serait pour le Président Sarkozi, d’obtenir des Chefs d’Etat et de Gouvernement occidentaux leur adhésion à la cause de la démocratie en Afrique et partout dans le monde”. Continuant, dans cet ordre d’idée, nous avons poursuivi en ces termes: “Pour l’heure les peuples africains condamnent avec véhémence l’idée même de la célébration des 50 ans d’indépendance africaine à Nice – France- qui en fait revient à célébrer la dictature et la tyrannie qui persistent sur le continent. En lieu et place d’une telle célébration, les peuples africains et tous les démocrates du monde demandent expressément à la France d’y tenir ce Sommet de l’Occident sur la Démocratie et l’Etat de Droit en Afrique.”
Nous allons ici recourir à l’histoire de France et à certains grands évènements qui ont marqué la lutte pour la liberté et la démocratie en Europe pour expliquer le sens que nous donnons au titre de la présente réflexion ou débat démocratique : “France-Nice ou l’Idéal de Liberté et de Démocratie Guillotinée”. Toutefois, avant d’entrer dans le vif de notre sujet, nous allons une fois encore apporter certaines clarifications et nous situer par rapport au devoir qui s’impose à nous au regard des risques, de notre foi et de nos convictions.
-Risques, foi et convictions – Un devoir envers les générations futures
Toute lutte pour la liberté comporte des risques, des risques pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, en termes simples : la fin de notre vie terrestre. Toutefois, aucun risque sur notre terre des hommes ne saurait être plus fort que notre foi et nos convictions ou les supplanter. Dans le cas de l’Idéal de Liberté et de Démocratie, notre lutte est bien plus aisée car le Créateur est Liberté et Paix. Comme, nous l’avons souvent indiqué, la lutte pour la liberté et la démocratie ne saurait se mesurer à l’aulne d’une vie humaine mais en terme de notre devoir envers les générations futures. A ce titre, ce que nous appelons “Le Cas du TOGO” qui se résume en des élections présidentielles frauduleuses, irrégulières et antidémocratiques le 4 Mars passé, s’il est révélateur de la détermination des peuples africains dans leur revendication démocratique, il marque surtout un tournant décisif des relations entre l’Afrique et l’Occident, singulièrement la France. D’abord, il va s’en dire que ces élections du 4 Mars seront invalidées de par la volonté des peuples togolais et africains mais de l’autre côté si les signes de la décadence démocratique de l’Occident, singulièrement de la France, ne sont pas encore clairement perceptibles, elles nous semblent évidentes. Certes, il appartiendra aux peuples des pays occidentaux de changer une telle trajectoire et nous pensons que ceci est possible si nous leur faisons passer le message et nous allons nous en évertuer. Toutefois, à compter de ce moment, nous allons changer de “plume et d’écriture” dans le débat démocratique initié avec l’Occident et singulièrement la France en vertu de l’autorisation et/ou recommandation de devoir que l’Afrique et les peuples africains donnent et/ou exigent collectivement et individuellement de chacun de ses fils et filles. Ce faisant, nous pourrions porter témoignage et rendre hommage au Chef de la France libre et bien évidemment répondre, à l’instar, de la vaste majorité des Africains, fameux et anonymes, à l’Appel au devoir de la liberté et de la démocratie. Enfin, en matière de “divinités”, l’Afrique et les peuples africains en savent long, aussi, se refusent-ils, à voir des êtres humains, la créature, se présenter à eux autrement qu’en tant hommes/êtres humains. En tant qu’hommes /êtres humains, nous nous devons un respect mutuel et en tant que démocrates nous respectons les élus dans l’exercice de leurs fonctions du fait du mandat démocratique, mais pour longtemps du fait de notre silence coupable, nous avons permis aux dirigeants des pays occidentaux de se servir de leur mandat à d’autres fins, à savoir le soutien de la dictature par la mise en place des dictateurs. Eh bien, un tel état de fait qui n’a que trop duré doit cesser et il va cesser du fait de la mobilisation des peuples africains autant que de leurs propres peuples.
France – Nice ou l’Idéal de Liberté et de Démocratie Guillotinée de par la continuation de la désastreuse politique africaine de la France en ce 21ième siècle. Le silence complice et coupable de l’Occident.
Nous voudrions débuter ce chapitre en paraphrasant ce leader hors du commun qui au plus fort de la lutte mettait en garde ceux qui s’accrochaient au statu quo et qui deviendraient ces geôliers pendant pratiquement trois décennies. Il leur faisait comprendre que combattants de liberté qu’ils étaient alors, ils représentaient la solution et qu’un jour ils risquent d’avoir devant eux une autre génération complètement différente d’eux et qu’ils regretteraient. Le leader hors du commun ne croyait pas si bien dire car quelques décennies plus tard, au cours de ses années de détention, les tenants du statu quo furent débordés par les revendications de cette autre génération, (génération qu’il qualifia de jeunes lions) non seulement dans les cités mais jusque dans les prisons. L’homme de vision eut raison, quoi de plus prévisible.
Pour revenir à la France, rappelons-nous ce 20 juin 1789 où bafouant la volonté du roi qui leur a interdit de se réunir, l’Assemblée nationale se rassemble dans la salle du Jeu de Paume, près du palais de Versailles, et fait serment de ne pas se séparer tant qu’elle n’aura pas donné une Constitution à la France. A l’envoyé du Roi, leur intimant l’ordre d’obéir aux ordres, Bailly, le Président de l’Assemblée lui rétorque «Je crois, monsieur, que la Nation assemblée n’a d’ordre à recevoir de personne». Ce même jour, Mirabeau, surnommé “l’Ami des hommes” orateur aussi laid que séduisant, rebelle permanent, député du Tiers état, quoique issu de la noblesse, aurait même ajouté : «Nous sommes là par la volonté du peuple et n’en sortirons que par la puissance des baïonnettes ! » Sa fougue et sa détermination lors de cette célèbre séance lui permirent d’asseoir définitivement sa réputation d’orateur et de révolutionnaire. Mirabeau suivait un dessein précis : introduire en France une forme de démocratie conforme aux principes de Montesquieu.
Le 14 Juillet 1789, ce fut la Prise de la Bastille et le 26 Août suivra la Déclaration des Droits de l’Homme. Le 10 Août 1792 le Royaume est renversé. Et la France, avec le Comité de Salut Public passera par la Terreur, la Grande Terreur avec Marat, Danton, Hébert et le dictateur Maximilien Robespierre, le Président du Comité jusqu’à sa chute, le 27 Juillet 1794. Après ce qui fut qualifié de sursaut, la France tombera sous le Bonapartisme (la dictature) et les empires. Notons au passage, que la Marseillaise, chantée pour la première fois par Rouget de Lisle le 25 Avril 1792, chant de guerre pour l’Armée du Rhin, il devient le chant de ralliement de la Révolution française et sera adoptée par la Convention le 14 Juillet 1795.
En dépit de toutes ses turbulences de l’histoire de France, le dessein de Mirabeau qui trouve son écho dans sa fameuse phrase: “Nous sommes là par la volonté du peuple” et son application dans “introduire en France une forme de démocratie conforme aux principes de Montesquieu”; la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 Août 1789 et enfin La Marseillaise de Rouget de Lisle ont triomphé des épreuves des temps jusqu’à l’élection du Président Nicolas Sarkozi. Comme quoi, Le Créateur est Paix et Liberté et la Liberté est mère de la démocratie et de l’Etat de droit. Monsieur le Président, Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner, voici votre histoire, voici l’histoire de France. Voici la démocratie et l’Etat de droit que la France continue de denier aux peuples togolais et africains. Messieurs et Mesdames de la classe politique française, les Chefs de Partis, sénateurs et députés, voici l’histoire de France, voici votre histoire. Pour ce qui est du Cas du TOGO et des élections frauduleuses du 4 Mars passé, Monsieur Kouchner a tout le droit de prendre la Terreur que subit le peuple togolais et le présenter l’auguste Assemblée Nationale Française comme des élections calmes et partant transparentes et régulières. Pour peu que l’Assemblée Nationale Française veuille bien préserver son âme démocratique de représentants “de la volonté du peuple”, il va s’en dire que le Cas du TOGO marque un tournant décisif des relations entre la France et les peuples africains. Nous prions les honorables dames de cette auguste Assemblée de s’informer sur les arrestations arbitraires de femmes détenues lors de manifestations pacifiques tant au TOGO que dans tous pays africains sous le joug de la dictature.
Les Togolais, pour ce qui les concerne, viennent d’élire un nouveau Président en la personne de Son Excellence Monsieur Jean-Pierre Fabre et tout comme Bailly, le Président de l’Assemblée en France lors de la Révolution, “les peuples togolais et africains croient et réaffirment qu’ils n’ont d’ordre à recevoir de personne”. Certes, contrairement à Mirabeau qui dira: “nous n’en sortirons que par la puissance des baïonnettes” les peuples togolais et africains n’ont point de baïonnettes mais disposent de l’Idéal de Liberté et de Démocratie pour faire aboutir leur lutte.
A travers les décennies dictatoriales de l’Afrique, les peuples africains ont vu des Chefs d’Etat et hommes politiques français qualifier les dictateurs du continent d’amis, assister à l’intronisation d’empereur, devenir des défenseurs de ceux dont ils se disaient ne pas vouloir serrer la main, déclarer que les Africains n’ont pas besoin de démocratie, condamner les élections frauduleuses hier pour les trouver transparentes le lendemain. Un Monsieur Afrique qui fut déclaré persona non grata et expulsé dans les 24 heures par le dictateur, deviendra l’un des ardents défenseurs de ce même dictateur. Ainsi va la politique africaine de la France, politique de déni de liberté et/ou d’opposition ferme aux aspirations démocratiques légitimes des peuples. Eh bien, c’est dans le désespoir que les peuples africains puisent la force de leur lutte et la foi dans l’Espérance. Oui, c’est dans le désespoir que nous puisons la force de notre lutte et la foi dans l’Espérance. La certitude de la victoire de la lutte des peuples africains sur la dictature et la Terreur et/ou la Grande Terreur ne nous fait aucun doute et pour l’illustrer, nous allons présenter quelques évènements et faits qui ont marqué les relations internationales durant la guerre froide en Europe.
-Les Printemps européens durant la guerre froide ou la victoire de l’Idéal de Liberté et de Démocratie
Le Printemps le plus mémorable qui secoua le bloc socialiste, (les pays dits situés derrière le “Rideau de fer”) est connu sous les vocables de “Printemps de Prague”. L’homme qui symbolisa ce mouvement de libération ou le “socialisme à visage humain” a pour nom Alexander Dubcek. Mais, avant Prague, notons qu’à la faveur de la déstalinisation de l’URSS amorcée par Nikita Khrouchtchev en 1953, la Pologne et la Hongrie connurent elles aussi leurs “Printemps”.
La Pologne de Wladyslaw Gomulka ou l’Octobre Polonais
La réélection au poste de Premier Secrétaire du Parti Ouvrier Unifié Polonais (POUP) de Gomulka le 21 Octobre 1956 (après en avoir été destitué en 1949, puis emprisonné pendant 4 ans) suit de près les manifestations ouvrières organisées quelques mois plus tôt à Poznan en juin (soit au printemps) dans le but de démocratiser la politique polonaise et d’obtenir le retrait des troupes soviétiques. Gomulka mènera par la suite un putsch en douceur avec l’appui de l’armée et de la majorité du parti polonais.
L’URSS mobilise l’Armée Rouge pour marcher sur Varsovie mais recule après avoir reçu l’assurance que le gouvernement Gomulka ne sera ni anticommuniste, ni antisoviétique. “L’Octobre Polonais” où l’aspiration à la démocratisation et aux réformes du peuple polonais prit donc fin. La Pologne restera socialiste jusqu’à la création de Solidarnosc- Solidarité- (syndicat né au chantier naval Lénine de Gdansk) le 31 Août 1980 et dirigé par Lech Walesa.
La Hongrie et l’insurrection de Budapest
Les manifestations ouvrières de juin 1956 à Poznan en Pologne ne manquèrent pas d’inspirer les Hongrois. Aussi, le mouvement hongrois d’Octobre 1956, fut-il une insurrection voire une révolution. Ce 23 Octobre 1956 les Hongrois réclament le retour à la Présidence de Imre Nagy, (Communiste modéré- Ex Président du Conseil de Hongrie depuis 1953, il avait été destitué en Avril 1955 par les membres du Parti communiste qui voyaient d’un mauvais œil sa politique de libéralisation). Les soviétiques acceptent le retour de Nagy mais ce dernier insufflera un élan démocratique à tout le pays en réclamant le droit pour la Hongrie de choisir sa propre voie conduisant au socialisme. Le 4 Novembre, les chars de l’Armée Rouge pénètrent pour une seconde fois dans Budapest et ouvrent le feu. L’aspiration du peuple hongrois est réprimée dans le sang et le bilan fut très lourd. Cette massive intervention soviétique souleva une immense vague de protestations à travers toute l’Europe. “Le monstrueux forfait de Budapest a mis le communisme au banc de l’humanité” a déclaré le Congrès pour la liberté de la culture qui comptait parmi ses rangs Raymond Aron et Albert Camus. Selon Michel Winock (Professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris) “l’intervention des chars soviétiques a désacralisé la patrie du socialisme et relativisé le communisme”. Les intellectuels français prirent l’initiative d’une déclaration “condamnant l’emploi des canons et des chars pour briser la volonté d’indépendance du peuple hongrois”. Les signataires furent : Sartre, Simone de Beauvoir, Jacques Prévert et Claude Roy.
Le Printemps de Prague ou le Socialisme à visage humain -1968 –
L’homme qui symbolisa le Printemps le plus mémorable qui secoua le bloc socialiste et qui marquera à jamais notre récente histoire et les relations internationales contemporaines a pour nom Alexander Dubcek. Alexander Dubcek, figure de proue du Printemps de Prague, Premier Secrétaire du Comité Central du Parti Communiste (PC) slovaque en 1963, il défie l’autorité du Président Antonin Novotny en prônant un “socialisme à visage humain”. Il deviendra en 1968, le Secrétaire Général du PC Tchécoslovaque et met en pratique son programme réformiste “le socialisme à visage humain” qui permet la critique politique. Les réformistes innovent aussi dans le domaine diplomatique : la frontière occidentale est même rouverte pendant quelques jours. En matière économique, Dubcek remet en cause le centralisme administratif. La réaction de l’URSS ne se fit pas attendre et dès le mois de Mai 1968, Léonid Brejnev (Secrétaire Général du PC Soviétique et Président du Présidium du Soviet Suprême) somme Dubcek de s’expliquer. Le 3 Août, à la Conférence des Pays du Pacte de Varsovie à Bratislava (Tchécoslovaquie), l’URSS s’accorde le droit d’intervenir militairement dans les démocraties populaires soupçonnées d’antisoviétisme. L’URSS tente ensuite de convaincre Dubcek de bloquer la libéralisation du régime. En vain. Le 19 Août, les parachutistes soviétiques s’emparent de Prague et la répression va être particulièrement violente. Dans la nuit du 20 au 21 Août, les troupes du Pacte de Varsovie, à l’exception de l’Albanie et de la Roumanie, envahissent la Tchécoslovaquie. Dubcek est arrêté le 20 Août. Le Printemps de Prague prend fin le 21 Août avec cette invasion et l’appel de Dubcek à ne pas prendre les armes. Les Réformateurs sont méthodiquement réprimés dans le cadre du processus de “normalisation”.
La protestation contre l’URSS sera incarné par Jan Palach (étudiant à la Faculté de Lettres de l’Université Charles) qui s’immole par le feu sur la Place Venceslas à Prague le 16 Janvier 1969. Jan Palach sera le premier martyr tchèque brûlé vif pour la vérité et la liberté. Après lui, suivront deux autres étudiants martyrs, Jan Zajic et Evzen Plock. Par ailleurs, au sein même de la sphère communiste, certains pays comme la Roumanie et la Chine critiquent l’intervention soviétique. Dans la foulée, les partis communistes français et italiens condamnent sans détour l’invasion.
Voici brièvement présentés les 3 Printemps des Pays de l’Est/démocraties populaires, ces pays qui sont qualifiés de satellites de l’empire soviétique et le parcours de leur lutte pour la liberté et la démocratie. D’aucuns pourraient se demander pourquoi avons-nous trouvé importants d’évoquer ces trois évènements dans le contexte de la lutte des peuples africains pour la liberté et la démocratie. Et bien, tout comme la révolution française nous voudrions souligner une éternelle vérité : la liberté finit toujours par triompher des épreuves du temps car ces trois pays sont aujourd’hui dotés d’institutions démocratiques conformément à la volonté de leurs peuples. Comme quoi, nous le réitérons, le Créateur est Paix et Liberté.
Secondement, nous entendons des voix malintentionnées et/ou ignorantes des réalités des relations internationales gongonner le fait que les pays africains sont avant tout indépendants. Dont acte, mais face à l’URSS, une superpuissance militaire, la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie quoique étant des pays indépendants, les aspirations de leurs peuples à la liberté et à la démocratie avaient été bafouées et/ou réprimées dans le sang.
Sur ce second point, ce n’est pas le Président Nicolas Sarkozi qui nous démentira, et pour cause, comme l’écrivait Mélanie Youssefane pour l’evene.fr, dans son article :- Dans l’insoutenable légèreté du rouge – 40 ième anniversaire du Printemps de Prague- et nous la citons : “ La liberté d’expression et de création vaut tous les printemps du monde. Aujourd’hui, plus que jamais, alors qu’ici la majorité politique rogne la culture pour faire la guerre aux immigrés….” et Mélanie Youssefane de continuer en ces termes en citant le Président Sarkozi : “Comme la jeunesse de la Révolution a balayé le vieux monde, comme la jeunesse tchèque a pris sa revanche sur le Printemps de Prague. Comme un jour, la jeunesse chinoise finira par effacer Tienanmen, vous changerez le monde si vous ne laissez personne voler vos rêves” – a lancé Nicolas Sarkozi lors de son université d’été, alors qu’un vent favorable le poussait vers l’élection présidentielle. En espérant que le vent tourne vite- conclut Mélanie Youssefane. Eh oui, pour ce qui concerne l’Afrique, l’immigration des Africains vers l’Europe et singulièrement vers la France résulte pour une grande part de cette désastreuse politique africaine de la France, politique de soutien aux dictateurs du continent. Des dictateurs qui par la terreur et l’extrême pauvreté qui découle d’une gestion économique catastrophique ont contraint les peuples africains à l’immigration et/ou à l’exil. En lieu et place d’une chasse aux immigrés, on aurait pensé à une chasse aux dictateurs, mais hélas non, la logique européenne voire occidentale pour ce qui est des dirigeants politiques et/ou protecteurs et défenseurs des dictateurs, se refuse à y établir le lien.
Enfin et troisièmement, nous voudrions nous fonder sur ce qui précède pour affirmer que si les Printemps nés de la guerre froide ont pris fin en Europe, ils continuent en ce 21ième siècle sur le continent africain. Le Cas du TOGO en est une illustration révoltante pour la conscience humaine. Nous nous sentons l’obligation de faire observer une fois encore que l’Occident s’était servi de la guerre froide pour créer de toutes pièces des dictateurs (rempart contre l’avancée supposée et/ou théorique du communisme) dans le Tiers-Monde avec le rôle de premier rang confié à la France en Afrique. Les conséquences d’une telle politique d’agression contre l’idéal même de liberté s’étaient traduites par des coups d’Etat permanents sur le continent, des guerres civiles ayant culminé en génocides, des “Archipels de Goulag” en nombre effroyable, le tout figurant sur une facture où détournement de deniers publics, corruption, et délabrement économique cohabitent harmonieusement. Comme les mêmes causes ne peuvent produire que les mêmes effets, les Africains n’ont d’autre choix que de s’élever contre la poursuite, selon eux, d’une telle politique en ce 21ième siècle par la France, politique pratiquée à des degrés divers par tous les gouvernements post-gaullistes. C’est dans ce cadre que les peuples togolais et africains condamnent sans réserve la fête dictatoriale de Nice où sur fond de champagne et sous prétexte de célébrer les 50 ans d’indépendance de l’Afrique, des tapis rouges seront déroulés pour des dictateurs qui ne représentent que leurs personnes et leur déficit de dignité et/ou de fierté nationale voire africaine. En fin de compte, on peut se demander ce qu’il coûte su gouvernement français de respecter la volonté clairement exprimée du peuple togolais de son absolu rejet de la dictature par l’élection de son nouveau Président en la personne de Monsieur Jean-Pierre Fabre. Pourquoi donc l’Union Européenne dont les délégués, qui, en dépit les irrégularités flagrantes relevées ne sauraient remettre en cause la victoire du peuple découlant de la vérité des urnes, ne sont pas capables de présenter à leur propre gouvernement respectif la vérité pour convaincre la France, le suzerain des dictateurs africains, à prendre position pour la démocratie. Pour ce qui concerne les peuples africains, le TOGO a un Président en la personne de Monsieur Jean-Pierre Fabre et ils prendront toutes les mesures pour que la volonté du peuple soit respectée. Certes, d’aucuns nous diront : que peut le peuple togolais, que peuvent les peuples africains contre la puissante France ? Que pouvaient hier la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie contre la superpuissance URSS aujourd’hui la Russie ? Eh bien, la Révolution peut guillotiner les Rois, les dictateurs et faire autant de martyrs que possibles mais il y a une certitude, la Révolution ne pourra jamais guillotiner l’Idéal de liberté et de démocratie. Le Créateur est Paix et Liberté. Pour reprendre les propos du Président Sarkozi lui-même: “Comme la jeunesse de la Révolution a balayé le vieux monde, comme la jeunesse tchèque a pris sa revanche sur le Printemps de Prague. Comme un jour, la jeunesse chinoise finira par effacer Tienanmen, vous changerez le monde si vous ne laissez personne voler vos rêves ”Eh bien, comme hier à Prague, Lomé et toutes les capitales africaines triompheront de la dictature. Les peuples togolais et africains ne laisseront “personne voler leurs rêves”
Il nous souvient d’ailleurs cet évènement qui mit en émoi tant la classe politique que le peuple français lors des élections présidentielles françaises de 2002. Et pour cause, Monsieur Jacques Chirac, le Président sortant, Monsieur Lionel Jospin, Premier Ministre socialiste et Monsieur Jean-Marie Le Pen, Président du Front National se soumettaient aux suffrages du peuple français au 1ier tour et pour une surprise, c’en était une. Eh bien, Monsieur Jean-Marie Le Pen passe le 1ier tour et devra rencontrer le Président sortant au second tour. Des manifestations sont organisées partout en France pour barrer la route des Champs-Elysées à Monsieur Jean-Marie Le Pen, manifestations qualifiées de sursaut national. Comme quoi, Monsieur Jean-Marie Le Pen aurait “terrorisé” les français et même les européens pendant quelques semaines, le temps du second tour. Dont acte. La politique africaine de la France, politique de soutien aux dictateurs autant que la création des dictateurs durant la guerre froide par l’Occident, fait, hélas, vivre les Africains, une Terreur qui dure depuis des décennies. Nous espérons ce même sursaut de la part des Français et des Européens pour dénoncer le soutien à la dictature et son éradication sur le sol africain.
En changeant de “plume et d’écriture” comme nous l’avons indiqué plus loin dans ce débat démocratique initié avec l’Occident et singulièrement avec la France, la première idée qui nous est venue à l’idée est de saisir, dans les semaines et/ou mois à venir, la Cour Pénale Internationale de La Haye au nom des peuples africains en nous fondant sur le Cas du TOGO.
Saisine de la Cour Pénale Internationale de La Haye –
-Déposer une plainte contre la France pour la continuation de son soutien à la dictature en Afrique en ce 21ième siècle – Déposer également une plainte contre l’Europe et l’Occident pour complicité.
Nous devons avouer que lorsque l’idée a germé dans notre esprit, nous avons eu à répondre à un certain nombre des questions, surtout que nous sommes un grand admirateur du Chef de la France Libre, le Général De Gaulle. D’abord nous sommes-nous dits, la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye est d’une certaine manière une Cour de l’Occident. Secondement, de quelle France et de quel Occident parlons-nous ? Comment déterminer le ou les plaintifs et bien d’autres questions. Au fil des jours, en parcourant les sites africains où plût aux Cieux, les Africains ne se taisent plus, nous sommes tombés sur quelques articles édifiants.
La Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye est avant tout une Cour, à ce titre, elle dit et/ou doit dire le droit. Quant à notre attachement à la vision du grand homme d’Etat, le Général De Gaulle, nous nous sommes rendus compte que par cette saisine, nous pouvons une fois encore lui réitérer notre hommage. Il est question de séparer le visionnaire, l’homme de la grandeur de la France et la France demeure une grande nation de la France post-gaulliste. C’est la France renégate d’une vision et du pacte plusieurs fois séculaire qui le lie à la liberté du monde que nous allons traduire devant la justice. Oui, la France contre laquelle nous allons porter plainte n’a rien à voir avec celle de Descartes, de Blaise Pascal, de Diderot, de Voltaire et de cette fameuse phrase que nous avons apprise depuis l’école primaire : “Corneille assis sur la racine de la bruyère boit l’eau de la fontaine” et de tant d’autres génies. Quant à l’Europe et l’Occident, nous parlons ici de continent et d’entité loin des principes de Montesquieu et de la démocratie Jeffersonienne (du père de la Constitution américaine). En soumettant, au nom des peuples africains instruits du droit international et d’histoire politique, la France, l’Europe et l’Occident à la juridiction de la plus haute cour du monde, les peuples français, européens et occidentaux, nous en sommes convaincus, apporteront une réponse démocratique au long printemps postcolonial des peuples africains.
Nous étions Prague (Tchécoslovaquie d’alors) quand en décembre 1976, soit quelques années après le Printemps de Prague, des individus venus d’horizons divers se réunirent pour protester contre l’attitude répressive du gouvernement socialiste d’alors. Ils y rédigèrent une pétition dénommée : Charte 77. Les auteurs et premiers signataires sont un écrivain, un philosophe, un diplomate et un professeur. Plus tard, la Charte qui sera signée par des personnalités du monde des arts et du monde littéraire, des citoyens lambda, des professeurs d’universités, est considérée comme un moment clé de la résistance au régime socialiste dirigé par le Parti communiste. La Charte 77 rappelle au gouvernement ses engagements concernant le respect des droits de l’homme signé en 1975 à la Conférence d’Helsinki, des engagements publiés au Journal Officiel en Octobre 1976. La Charte 77 conduira la Tchécoslovaquie à la Révolution de velours qui précipitera la chute du régime et la fin de la République socialiste dans la lignée de la chute du bloc de l’Est.
Avec recul, il nous apparaît clairement que ce qui différencie les auteurs et signataires de la Charte 77 des intellectuels de notre continent, c’est que la lutte pour la démocratie n’est pas la réalisation d’un idéal pour les intellectuels africains mais la lutte pour la Présidence, pour des portefeuilles ministérielles et autres hautes fonctions lucratives. Autant les peuples sont acquis à la démocratie et continuent de consentir d’énormes sacrifices, autant ils n’ont devant eux que des hommes politiques qui sans idéal qui ne peuvent que trahir la cause, c’est triste mais c’est notre réalité.
Le Chef de la France Libre, le Général De Gaulle est pourtant un de ses exemples pour les francophones d’Afrique. Lorsqu’il proposa aux pères des Républiques africaines, la loi cadre et qu’ils le refusèrent, il accéda à leur demande. En 1969, le Général annonce un référendum portant sur le transfert de certains pouvoirs aux régions et la transformation du Sénat. Il annonce son intention de démissionner en cas de victoire du non. Les Français rejettent la proposition et/ou projet, le Général en démocrate se retire et pourtant quelques années avant le grand homme fit don de sa vie en acceptant une condamnation à mort pour sauver sa patrie, la France. Tout près de nous, sur notre continent, ce leader hors du commun, après avoir payé tout le prix possible qu’un homme peut payer pour la liberté de son peuple se retira au terme de son second sans vouloir s’y éterniser. Et pourtant dans cette Afrique, des dictateurs qui n’ont rien fait pour leur pays non seulement meurent au pouvoir mais ils sont remplacés par leurs fils, des princes héritiers qui vont se rendre dans les jours à venir à Nice pour sabler du champagne. Les peuples ne peuvent que leur souhaiter ainsi qu’à leur hôte, une bonne fête dictatoriale.
Comme le disait Alexander Dubcek, la figure de proue du Printemps de Prague et nous citons : “La démocratie n’est pas seulement le droit et la possibilité d’exprimer son opinion, mais aussi la prise en compte de cette opinion par le pouvoir, la possibilité pour chacun de prendre une part réelle aux décisions”. Espérons que le pouvoir français et les pouvoirs européens se servent de leur mandat démocratique aux fins des aspirations démocratiques des peuples africain.
Dubcek ne sortira de son silence qu’en 1988 après le vent de démocratie qui secoua les pays de l’Est. Invité à Bologne quelques mois plus tard, il résume son histoire et sa stratégie personnelle en citant Saint François d’Assise : “Mon Dieu, donne-moi le courage de changer ce que je peux changer. Donne-moi la force de supporter ce que je peux changer. Et surtout donne-moi l’intelligence pour distinguer l’un et l’autre”
Faisons tous nôtre cette prière de Saint François d’Assise.
Nous vous remercions pour vos engagements démocratiques. La lutte pour l’Idéal de Liberté et de Démocratie continue.
© Correspondance : Mamavi Sylvain Attiglah